Agenda

Prochaine séance du Café Littéraire : mardi 21 janvier 2025 à 18 h à la médiathèque de Saint-Pierre d’Oléron

avec quelques romans sur La Vieillesse, par exemple : Paul Auster, Baumgartner ; Simone de Beauvoir, L’âge de Discrétion ; Guillaume Collet, Les Mains Pleines ; Pierrette Fleutiaux, Des Phrases courtes, ma chérie ; Benoite Groult, La Touche Etoile ; Claudie Hunzinger, Un Chien à ma table ; Lydia Jorge, Misericordia ; Philippe Roth, Un Homme

Françoise Sagan

Petit clin d’œil (primeur) à Augustin Trapenard qui, le 18 décembre, consacrera La Grande Librairie à Françoise Sagan, 70 ans après la parution de Bonjour Tristesse, 20 ans après la mort de son autrice.

La vie de Sagan, c’est tout un roman qu’on partage en quelques traits et anecdotes. Si on évoque le mythe Sagan, c’est souvent pour son parcours hors norme, avant-gardiste, voire autodestructeur. Tout comme son incommensurable liberté, sa vie tumultueuse – conduire vite, fumer, boire, jouer sa fortune au casino, et autres transgressions et addictions assumées -, fascinent, et ce bien avant mai 1968. Parmi nous, d’aucunes s’en souviennent… Françoise Sagan (un pseudo emprunté à Proust) feint d’en consigner l’essentiel dans sa propre notice nécrologique : « Fit son apparition en 1954 avec un mince roman, Bonjour Tristesse, qui fit un scandale mondial. Sa disparition, après une vie et une œuvre également agréables et bâclées, ne fut un scandale que pour elle-même. »

Il nous plait de lire quelques passages d’Avec mon meilleur souvenir (1984), une dizaine de récits autobiographiques qui conjuguent humour et sincérité, loin de l’image sulfureuse et/ou superficielle trop souvent véhiculée. On s’arrête particulièrement sur La Lettre d’amour à Jean Paul Sartre, né comme Sagan, un 21 juin.
Après la fulgurante célébrité de Bonjour Tristesse, la critique n’a pas toujours été tendre avec Sagan ; peut-être la personnalité de l’autrice a-t-elle occulté les couleurs de sa plume… Pourtant, avec une œuvre qui compte une vingtaine de romans, un nombre considérable d’articles, des écrits de théâtre dont elle raille volontiers l’insuccès, des scénarios, des nouvelles, Sagan accomplit son métier d’écrivain : « la preuve que la littérature était tout /…/ un de ces grands moments de bonheur que donne la faculté d’écrire /…/ je découvris qu’écrire n’était pas un vain mot, que ce n’était pas facile ».
Aujourd’hui, on discute davantage du talent de l’autrice que de l’anticonformisme de la petite Sagan. 

La Chamade (1965)

On déguste les premières lignes, faute de temps pour écouter l’entièreté de la page : « le vent brusque, décidé, /…/ léger, fanfaron /…/ pour lui signaler, le plaisir de vivre /…/ Elle se sentait parfaitement irresponsable ». Elle, c’est Lucile, qu’on superpose quasi instinctivement à Sagan, ne serait-ce que pour son appétit de lecture ou son rejet de la respectabilité. Trois saisons dans la vie de Lucile Saint Léger, un long printemps avec Charles, un bref et brûlant été avec Antoine, un automne qui se ferme sur une chamade, un roulement joué par les tambours pour annoncer la défaite…

Sagan situe son histoire dans le milieu qui est le sien, une société bourgeoise, nantie, volontiers snob. La critique de l’époque ne s’est pas privée d’en dénoncer la futilité ou l’extravagance. Le scénario tisse pour Lucile, femme libre ou éternelle adolescente, une vie d’oisiveté dans le Paris des années d’insouciance : Ferrari et vison, vie nocturne, diners mondains, appartements somptueux. On peut s’en agacer. A y regarder de plus près, derrière cette figure de jeunesse dorée, cette désinvolture affichée, ces réparties cyniques, Sagan livre ses propres questionnements sur l’instabilité des amours, les tabous moraux et sociaux, la recherche du bonheur ou du sens de la vie. Lorsque Lucile décide d’avorter, Sagan lui attribue une réflexion sur la responsabilité parentale fort audacieuse dans le contexte de cette époque. En 1971, Sagan signera le manifeste des 343.

En lisant La Chamade, on apprécie la qualité d’écriture de Sagan, son élégance comme sa légèreté, son sens de la formule, sa subtilité à dire l’ambivalence des sentiments, à croquer justement ses personnages en quelques traits incisifs.
On partagerait bien quelques images, celles du film de Diane Kurys, Sagan (2008) et de fort intéressantes chroniques (https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-francoise-sagan).


Café littéraire du 17 décembre 2024 : Françoise Sagan