Dernière minute
Café Littéraire au mois de mai, modification et nouveauté :
1. la réunion prévue le mardi 15 mai est repoussée au mercredi 16 mai
2. le vendredi 25 mai, en collaboration avec le festival Musiques au Pays de Pierre Loti, rencontre exceptionnelle avec Mathias Enard, rencontre prévue au Château à 18 h 30, entrée libre, plus de précisions seront indiquées bientôt.
Agenda
Nous animerons deux rencontres avec les auteurs présents au Salon Cita’Livres : Brigitte Giraud, pour Un Loup pour l’Homme (Flammarion, 2017), vendredi 20 avril à 18h à la médiathèque de St Pierre ; Allain Glykos pour son dernier livre, Cinq petites Solitudes (l’Escampette, 2018), mardi 17 avril, à 17h à la médiathèque de Chéray-St Georges.
Nous reprendrons le cours usuel de nos séances, le mardi 15 mai, avec Vernon Subutex, la trilogie de Virginie Despentes. Les Tome 1 et Tome 2 (Grasset, 2015) sont disponibles en Livre de poche. Le Tome 3 est paru en 2017 (Grasset).
La parole aux libraires
Lydie nous invite aux prochaines rencontres et signatures : le vendredi 30 mars, Kaouther Adimi, Nos Richesses ; le 10 avril, Evelyne Néron-Morgat, pour la sortie de son deuxième roman, A la vie, à la mer.
On a lu, on lira
Avec son roman Eugenia (Julliard, mars 2018), Lionel Duroy quitte l’autofiction pour narrer l’histoire d’une étudiante face à l’horreur de l’antisémitisme dans la Roumanie des années 1930-1940.
On est un brin déçu par la lecture du roman de Delphine de Vigan, Les Loyautés (J.C.Lattès, 2018). D’aucuns confirment qu’avaler 4321 (Actes Sud, 2017), le pavé de Paul Auster, exige un temps et une attention non négligeables. D’aucuns s’apprêtent à dévorer La Disparition de Stephanie Mailer (Editions de Fallois, mars 2018), le dernier Joël Dicker.
Pour aller plus avant dans la confrontation entre philosophie et neuro-sciences, Gérard nous recommande le très accessible et passionnant essai de Markus Gabriel, Pourquoi je ne suis pas mon cerveau ? (J.C. Lattès, 2017 et Livre de Poche).
Le Salon du Livre de Paris a mis à l’honneur la Russie ; une invitation à dévorer l’Archipel d’une autre vie de Andréï Makine (Points Seuil, 2016), un magnifique récit d’aventures au cœur de la taïga sibérienne.
Enfin, puisque nous souhaitons aborder largement la littérature étrangère contemporaine, encore une piste à suivre sans hésiter : Ultime humiliation de Rhéa Galanaki (Galaade, 2016), un roman qui offre un regard sur la Grèce en crise en 2012, sous la lumière d’Homère et de l’Odyssée. Il y est question de deux vieilles dames qui décident d’aller vérifier de plus près ce qu’elles voient à la télé : Athènes en pleine ébullition politique et sociale.
Les Réputations de Juan Gabriel Vasquez (Seuil, 2014 & Points).
Aline présente quelques éléments historiques et littéraires à propos de la Colombie (en juin 2014, nous avions lu Gabriel Garcia Marquez, Nobel de littérature). Depuis l’Indépendance, actée en 1819, règne en Colombie un permanent climat de violence. L’histoire de la Colombie est une succession de guerres civiles, d’affrontements entre conservateurs et libéraux, de coups d’état et de trafics en tous genres. Le long conflit armé qui a sévi de 1960 à 2010 entre l’armée nationale colombienne, les insurgés de gauche (FARC, ELN) et les paramilitaires de droite, ainsi que le narco-terrorisme, depuis 1980, aboutissent à ce terrible constat : 260 000 morts, 45 000 disparus et 6,9 millions de déplacés.
Dans son dernier roman, largement autobiographique, Le Corps des Ruines (Seuil, 2017), Juan Gabriel Vasquez, né à Bogota en 1973, dit comment il a grandi dans ce climat de violence. Pourtant s’il a choisi de vivre en Belgique, à Paris, à Barcelone, il a toujours entretenu des liens vrais avec son pays soit en s’y rendant, soit en publiant régulièrement des chroniques dans le journal colombien El Espectador. La Colombie est le sujet principal de son œuvre.
Le choix du livre Les Réputations est mis en parallèle avec les événements de Charlie Hebdo, tant pour le personnage du caricaturiste que pour la question de la responsabilité. La caricature, répète Javier Mallarino, est «un aiguillon enrobé de miel». Si l’action se situe dans la Colombie contemporaine, elle interroge plus largement le pouvoir de la presse face à la complexité du monde politique d’aujourd’hui, parce que «l’important dans notre société, ce ne sont pas les événements en soi mais ceux qui les racontent» (p. 67).
Le scénario se déroule sur trois jours : celui de la consécration; celui de la rencontre avec le passé occulté; celui du renoncement. Pourtant les trois chapitres sont loin de suivre un fil conducteur chronologique. Le destin du caricaturiste Javier Mallarino, célébré après 40 ans d’une carrière qui a fait et défait Les Réputations, croise celui de son modèle Ricardo Rendón qui mit fin à ses jours en 1931, alors qu’il avait tout juste 37 ans. En énonçant à moult reprises la phrase magique dite par La Reine Blanche à Alice : « C’est une pauvre mémoire que celle qui ne fonctionne qu’à reculons », Mallarino circule dans une sorte de reconstruction de son propre parcours de vie et convient qu’«il se rappela parfaitement ce qu’il fera» (p. 189).
On souligne l’extrême densité de ce roman dont les quelque 180 pages gagnent à être relues, et comme redécouvertes lourdes de sens dès lors qu’on isole tel ou tel propos, sur le temps, la mémoire, l’oubli, la relation à l’autre, le couple, la frontière entre vie publique et vie privée, les magouilles politiques, etc. La prose de Vasquez est ciselée et incisive. Elle laisse au lecteur une large place à l’interprétation, elle incite aux commentaires, d’où la riche vivacité de nos échanges …
Nous remercions vraiment Aline de nous avoir fait découvrir ce jeune et fameux auteur colombien et donné envie d’aller plus souvent vers la littérature latino-américaine contemporaine !