Nous souhaitons à tous les membres du Café Littéraire une excellente année 2017 jalonnée de belles lectures !
Prochaines séances
Le 14 février à l’heure habituelle, c’est-à-dire 18h à la médiathèque de Saint-Pierre d’Oléron, nous lirons Chanson Douce de Leïla Slimani (Gallimard), Prix Goncourt 2016.
Le 7 mars, nous recevrons Sophie Chauveau pour son récit La Fabrique des Pervers (Gallimard, 2016). Nous l’apprécions en outre comme auteur de nombreuses biographies (Léonard de Vinci, Boticelli, Diderot, Fragonard, Manet).
Actualités
Si la rentrée littéraire de janvier 2017 est fort étoffée avec la parution de plus de 500 romans, aucun participant n’a eu le loisir de découvrir l’un ou l’autre. Probablement Proust a-t-il évincé Pennac, Decoin et autre Ferrante.
Une mention spéciale pour l’essai de Aslı Erdoğan, Le Silence même n’est plus à toi (Actes Sud, 2017). En août 2016, à la suite de la tentative de coup d’état de juillet, la romancière turque avait été incarcérée pour avoir dénoncé les atteintes à la liberté d’opinion. Elle a été libérée en décembre 2016. Ce volume rassemble des chroniques qui lui ont valu cette condamnation.
En ligne de mire, La Nuit de la Lecture, samedi 14 janvier, un événement relayé par nos libraires de St Pierre de de 18h30 à 22h (+ d’infos).
Et aussi Ecrivains Voyageurs, des lectures théâtrales de Dumas, Kerouac, Moitessier à la Médiathèque de St Pierre, vendredi 3 février à 19h.
Lecture de Proust
Nous avions proposé quelques références dans le CR du 15 novembre 2016 pour aborder cet auteur qui continue à susciter les passions et les publications. Cette séance du 10 janvier 2017 est bien courte pour une rencontre avec Marcel Proust, même si, comme convenu, nous nous limitons au premier volume, Du Côté de chez Swann, paru en 1913.
Chantal nous a habilement concocté une approche de Proust, l’homme, l’auteur, voire même le personnage, en évoquant les grandes lignes de sa vie (1871-1922) et la longue gestation de son œuvre. Commencée en 1909, l’écriture de La Recherche se poursuit quasiment jusqu’à son dernier souffle.
Les participants interviennent au gré de leurs attentes, connaissances et/ou interrogations personnelles ; on ne peut que constater que le fil de l’œuvre de Proust est tissé au fil de sa vie. Même si les noms de lieux et de personnages sont partiellement fictifs, même si La Recherche ne s’appuie pas sur la chronologie d’événements vécus, le narrateur et Marcel ne font qu’un et nous tâchons d’aller un peu à la rencontre de ce narrateur fascinant, de cet observateur hors pair.
Pour certains, ce fut une découverte, parfois laborieuse au regard notamment de la longueur des descriptions, d’une syntaxe volontiers labyrinthique, d’un lexique désuet, de la complexité des relations humaines, parfois merveilleuse face à la beauté et la finesse des évocations de lieux, la subtilité des portraits de personnages, la causticité du regard dans la peinture sociale, la multiplicité bienvenue des références picturales et musicales. Pour d’autres, ce fut l’occasion d’une relecture passionnante à condition d’en trouver le temps. Certes on ne lit pas La Recherche sans être quelque peu disponible, mais rien n’oblige à lire dans l’ordre, ni de façon exhaustive. Pour tous sans doute, ce fut une lecture exigeante. D’aucuns auront capitulé, peu préparés à ce marathon de lecture, d’aucuns se réjouissent d’avoir encore à explorer.
En effet, plus on lit Proust, plus on l’apprivoise et plus on découvre qu’on n’a jamais fini de le découvrir. Alors on a partagé les passages préférés. On a dégusté la madeleine, on a admiré les aubépines et les clochers, on a écouté la petite phrase de Vinteuil, on a souscrit à la caricature de Madame Verdurin ou à celles des porteurs de monocle, on a apprécié la cocasserie de la situation de Swann qui, blême de jalousie, confond la fenêtre de son Odette chérie avec celle de deux vieillards, on a souligné l’audace à dire les liaisons homosexuelles, on a partagé l’émouvante justesse de l’analyse de la vieillesse.
On a modestement essayé de comprendre pourquoi le philosophe Merleau Ponty disait à propos de La Recherche : «Personne n’a été plus loin que Proust dans la description du visible et de l’invisible». Et encore pourquoi la fameuse scène de la madeleine dépasserait largement l’anecdote mémorielle, pourquoi en associant sensations et réminiscences, elle illustrerait une véritable théorie de la connaissance.
Bref, si pour commencer l’année le Café Littéraire s’est invité Du Côté de chez Swann, il n’en est pas encore revenu…