Rendez-vous lundi 15h00 à l’Eldorado, Saint-Pierre-d’Oléron, pour la conférence hebdomadaire, ouverte à tous et suivie du pot de l’amitié, pour poursuivre le débat ou bavarder, en toute convivialité.

Abonnés : gratuit. Adhérents : 5 €. Non adhérents : 7 €

1/2 tarif pour les demandeurs d’emploi

Accès aux personnes à mobilité réduite


6 janvier 2020 – Henri de Toulouse-Lautrec

Par Annick Doutriaux, historienne de l’art

Au Mouln Rouge, Henri de Toulouse-Lautrec« J’ai tâché de faire vrai et non pas idéal »

On considère souvent l’œuvre de Toulouse-Lautrec (1864-1901) au travers de sa vie : difformité physique, alcoolisme, décadence d’un aristocrate traitant des sujets «vulgaires». Cette approche très réductrice occulte la personnalité d’un artiste qui voulait traduire son époque avec une sincérité parfois féroce, souvent drôle et dont les portraits privilégient l’expression d’une personnalité plutôt que la ressemblance.

Installé à Montmartre, il fréquente les cabarets et guinguettes, du Mirliton au Moulin Rouge, en allant au-delà du pittoresque des lieux, il peint la face cachée des rires du public, l’humanité des femmes qui s’y montrent en spectacle. Passionné par les nouvelles techniques photographiques il crée des images en mouvement : aux Folies Bergères, les tournoiements des voiles de la danseuse Loïe Fuller, au cirque, les acrobaties de trapézistes mais aussi la course de jockeys ou celle de cyclistes.

Peintre et dessinateur de génie, il crée aussi des affiches publicitaires d’une incroyable modernité dont la force du graphisme et l’intensité des couleurs influenceront les Nabis, Gauguin et Picasso.


13 janvier 2020 – Spinoza, penseur de la laïcité

Par Bruno Streiff, historien de l’art, musicologue et romancier

Spinoza est vraiment le grand penseur de la laïcité. Sa définition d’une séparation totale des églises et de l’état est exceptionnelle à l’époque, au point de lui valoir l’hostilité des rabbins qui l’excommunieront et des pasteurs protestants qui l’exileront d’Amsterdam. Son Traité théologico-politique parut anonymement et jamais il ne put faire publier son Éthique. Les pouvoirs religieux avaient obtenu une victoire, momentanée puisque l’œuvre du philosophe a fini par s’imposer comme majeure dans l’histoire de la philosophie. La vérité, en fin de compte, a toujours le dernier mot face aux obscurantismes.

Les questions posées par la vie et l’œuvre de Spinoza sont multiples et profondément actuelles. Son refus des concessions continue de déranger – Lévinas ne l’accusa-t-il pas d’avoir « trahi l’intellectuel juif » ? – et sa pensée éclaire le débat d’aujourd’hui sur la laïcité. Il est le précurseur des philosophes des Lumières et son combat rejoint celui de son contemporain – et sans doute ami – Rembrandt contre le poids des pouvoirs officiels.


20 janvier 2020 – La merveilleuse histoire des arbres

Par Alain Baraton, jardinier en chef du Trianon et de Versailles, écrivain et chroniqueur radio

Les arbres sont des êtres vivants dotés de qualités qui quelquefois nous dépassent.

Ils sont vitaux par leurs fonctions écologiques, ils produisent de l’oxygène, emmagasinent le carbone, stabilisent le sol et donnent vie à la faune et à la flore.

Ils absorbent le dioxyde de carbone pendant leur croissance, le carbone qu’ils emmagasinent aide à ralentir le rythme du réchauffement de la planète.

Régulateurs thermiques, ils réduisent la vitesse du vent et refroidissent l’air en perdant de l’humidité et ils réfléchissent la chaleur à partir de leurs feuilles. Ils peuvent réduire la température d’une ville jusqu’à 7°C.

Arbres d’ombrage dans les cultures et les pacages, protecteurs de la biodiversité, refuge pour de nombreuses espèces, éléments décoratifs, arbres d’alignement, sujets isolés dans les parcs et jardins, les arbres sont partout !

Acteurs économique importants, ils procurent des matières premières pour un grand nombre d’industries et sont aussi utilisés en phytothérapie ou en sylvothérapie.


27 janvier 2020 – L’histoire de la peinture chinoise (2ème partie : de 1850 à aujourd’hui)

Par Jean-Rémy Bure, sinologue

Cette conférence fait suite à la première conférence sur l’histoire de la peinture chinoise (de la dynastie des Han à 1850), donnée en février 2018, par Jean-Rémy Bure, spécialiste de la Chine.

Cette fois-ci, il faut avoir en arrière-plan la période troublée de l’histoire de la Chine du 20e siècle dont les peintres chinois ont été les témoins et où ils ont pris souvent position : invasions étrangères, pouvoir central faible, guerres civiles, migrations forcées à travers le territoire pendant plus d’un siècle et demi.

Et pourtant, malgré toutes ces difficultés, la peinture chinoise a continué d’évoluer à partir de ses propres sources et des influences étrangères, et à rester très créative. Ainsi, nous découvrirons successivement l’École de Shanghai, les derniers renouvellements de la tradition, la naissance du mouvement moderne, les liens entre art, société et politique, les peintres chinois installés en France, pour nous projeter finalement dans la peinture chinoise des années 1980 à aujourd’hui.

Peintures et gravures chinoises croiseront aussi, de temps en temps, des œuvres venues d’autres cultures.


3 février 2020 – Ernest et Louis Lessieux, aquarellistes oléronais

Par Christope Huguet

Même si Ernest Lessieux était renommé à Menton, où il avait fini sa vie, et même si certaines peintures avaient été montrées sur l’île d’Oléron à l’été 1979, l’œuvre des Lessieux père et fils est restée longtemps confidentielle.

En 2006, une exposition au musée de Saint-Pierre révéla aux Oléronais les aquarelles d’Ernest Lessieux et de son fils Louis. C’est la rencontre avec Lysmée, fille et petite-fille des peintres, qui permit l’organisation de cette exposition et la réalisation d’un catalogue. Et ce sont ses souvenirs qui apportèrent un éclairage nouveau sur leurs vies et leurs oeuvres.

Se passionner pour un peintre, c’est bien évidemment découvrir ses œuvres, voir l’évolution de sa maîtrise artistique et de ses thèmes. Ces éléments forment un faisceau d’indices pour mieux le connaître, pour se projeter dans son œuvre, comprendre son parcours. Quelles étaient ses préoccupations, ses valeurs? Quelle était sa personnalité, comment vivait-il dans son époque ?

Cette conférence a pour objectif de vous faire découvrir ou redécouvrir ces deux remarquables aquarellistes au travers de leurs biographies, de leurs œuvres et de différents témoignages épistolaires.


9 mars 2020– Franz Schubert, la musique au coeur

Par Michèle Lhopiteau Dorfeuille, professeur de musique et chef de chœur

Franz Peter Schubert est à la fois le plus célèbre, le plus prolifique et le moins joué des grands compositeurs du 19e siècle.

Bien que mort à 31 ans, son œuvre compte un millier de compositions pour tous les genres musicaux excepté le concerto. Une grande partie ne fut éditée qu’après sa mort et sa valeur reconnue seulement un siècle plus tard.

Si tout le monde connaît son nom (associé à un poisson !), qui, aujourd’hui, donne en récital ses dernières sonates pour piano, ou programme ses quinze opéras, ses sept messes, trois cents œuvres chorales ou ses neuf symphonies ?

Souvent son extraordinaire musique de chambre illustre des films à succès mais combien de spectateurs lui en attribuent la paternité ?

Notre conférencière, Michèle Lhopiteau Dorfeuille, à partir de nombreux extraits commentés, va vous faire rencontrer cet homme discret et attachant, beaucoup plus complexe qu’on pourrait à priori le penser.

Le poète Mayrhofer disait de lui : « son caractère était un mélange de tendresse et de rudesse, de sensualité et de naïveté, de civilité et de mélancolie ».


16 mars 2020 – Les Inuit de Sorapialuk

Par Jocelyne Ollivier-Henry, seule femme occidentale à séjourner à Siorapaluk, village le plus septentrional du Groenland

Jocelyne Ollivier-Henry, ancien professeur d’Education Physique, fréquente en 1974 l’Université de Montréal et le Centre d’études arctiques, où elle étudie l’ethnologie et la nutrition. En 1979 elle part à la découverte du Groenland. Successivement elle étudie les dialectes, la nourriture traditionnelle, les réactions physiologiques de la femme dans les régions polaires….

Elle a séjourné plus de quinze ans dans le village de Siorapaluk et partage désormais sa vie entre Bretagne et Groenland.

A Siorapaluk, vivent les Inuit du pôle. A 78° de latitude, ce village est le plus septentrional du Groenland, sa population est de 45 habitants.

Jocelyne Ollivier-Henry retrace l’Histoire des Inuit, des premières migrations à nos jours. Ellle évoque au rythme des saisons, la flore, la faune, la vie quotidienne des chasseurs et de leurs familles dans un environnement hostile, la chasse aux mammifères marins, aux oiseaux migrateurs et la pêche à l’omble. La préparation des peaux, la fabrication des vêtements, la nuit polaire, la fête de Noël, les visites autour du thé en attendant le retour du soleil…


23 mars 2020 – Robespierre et la terreur

Par Jean-Clément Martin, professeur émérite à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne

Robespierre (1758-1794), ses « anti » et ses « pro » font régulièrement surface dans le débat public. L’affrontement est le plus souvent sans nuance et s’appuie sur deux figures mythiques de Robespierre : « l’incorruptible » républicain, incarnation de la Révolution, ou le « monstre assoiffé de sang », instigateur de la Terreur. Si bien que l’historien Marc Bloch (1886-1944) s’exclamait déjà : « Robespierristes, antirobespierristes, nous vous crions grâce, par pitié, dites-nous, simplement, quel fut Robespierre. »

On peut attendre de Jean-Clément Martin qu’il fasse beaucoup mieux que cela, qu’il démonte les mythes construits dès sa mort et en souligne les objectifs, qu’il nous aide à « comprendre comment et pourquoi les éléments de sa courte vie ont pu servir à bâtir l’échafaudage proprement monstrueux qui l’a enseveli et immortalisé. »


30 mars 2020 – Collectionneurs, mécènes et artistes américains (1900-1940)

Par Jean-Paul Salles, docteur en histoire

Le jour des Alliés, Childe Hassam

Les Américains ont des fleuves majestueux, des paysages grandioses … mais ils n’ont pas de cathédrales, ni d’artistes notables jusqu’à la fin du XIXe siècle. Ils vont donc se mettre à l’école de l’Europe, envoyant leurs jeunes artistes en formation, à Paris notamment, achetant des œuvres anciennes, parfois des églises entières (exposées aujourd’hui aux Cloisters, ce musée de New York installé sur la rive de l’Hudson). Mais ils firent preuve aussi d’audace, à l’image du Docteur Barnes ou de Gertrude Stein, achetant les œuvres des peintres novateurs, Matisse ou Picasso.

Et bien vite ils eurent leurs peintres, Mary Cassatt par exemple, ou leurs photographes, Alfred Stieglitz. Leurs musées se peuplent peu à peu des œuvres majeures de la modernité comme les Demoiselles d’Avignon, arrivées au Moma (Museum of Modern Art) de New York, à la fin des années 20. Pendant la guerre, ce sont les hommes qu’ils sauvent de la barbarie nazie, André Breton, Max Ernst ou Claude Lévi-Strauss, parmi d’autres.