CARNET DE VOYAGE DE PETRA VERS JERUSALEM
VOYAGE DE L’UTL MARENNES-OLERON RÉALISÉ DU 2 AU 13 AVRIL 2014
Deux conférenciers de grande valeur ont accompagné le groupe pendant tout le voyage :
– Antoine SFEIR, journaliste et politologue.
– Christine DARMAGNAC, accompagnatrice de voyages et spécialiste de l’histoire de l’art du Moyen Orient.
Il y avait aussi deux guides locaux :
– Haitham Marji, un jordanien parlant français, anglais et allemand,
– Thibaut, un toulousain, vivant en Jordanie depuis peu, chargé de l’intendance.
Le groupe de l’UTL de Marennes-Oléron était composé de 27 participants.
Mercredi 2 avril : Oléron – Paris
Saint-Pierre d’Oléron, le grand départ. A 21 heures, nous nous engouffrons dans le car Métereau pour rouler toute la nuit et gagner l’aéroport Charles de Gaulle. Pendant tout le trajet, en douceur -merci notre chauffeur- la lune était belle, et Francette vigilante, ne dormait que d’un œil, veillant sur sa nichée.
Jeudi 3 avril : Vol Paris – Vienne – Amman
Arrivés à 4 h du matin, nous retrouvons nos compagnons « parisiens » directement dans le hall 2D pour le début des formalités d’embarquement. Puis, nous marchons dans les couloirs d’un pas vif vers le 2F d’où nous gagnons notre avion, un Airbus A330, qui nous mène jusqu’à Vienne, première escale, puis vers Amman, notre destination.
A l’arrivée, notre guide francophone et jordanien, Haitham, tout sourire et « very charming », nous attend avec une pancarte Ictus Voyages en main. Rassurant.
Une fois montés dans l’autocar, une première découverte d’Amman s’offre à nous : la ville a connu depuis 20 ans un développement intense avec 3 millions d’habitants face aux 6 millions de la Jordanie.
Nous descendons à l’hôtel « Cham Palace » : il mérite son nom et ses étoiles.
A Amman , nous avons remarqué des constructions multiples, blanches, un peu anarchiques, des quartiers huppés avec des fleurs, des gazons soignés et des plantations d’arbres d’ornement et puis d’autres plus populaires. La cherté des terrains conduit à des loyers très élevés et les femmes font donc moins d’enfants.
La découverte de tout cela a lieu sous la houlette de Christine Darmagnac (que nous avions découverte lors de sa conférence faite à l’UTL). Elle sera notre guide conférencière tout au long du voyage relayant celui qui deviendra notre cher Antoine Sfeir.
A leurs côtés, Thibaut, ex toulousain, de la société Adonis au cœur de laquelle il veut devenir guide confirmé et Haitham, se montre déjà très drôle, joli garçon aux cheveux bouclés très noirs et aux yeux bleus, dentition très blanche et parfaite, très charmeur, drôle, sociable, c’est un Palestinien de l’est de la Jordanie.
Il ne nous a pas quittés d’une semelle tout au long du voyage, il a réglé pour nous tous les problèmes d’achats, de change et a prêté son bras solide et protecteur aux vieilles et jeunes dames quand il le fallait. Merci à lui.
Dîner à 19 heures locales (+1 h de décalage avec la France). Nous découvrons le buffet.
Vendredi 4 avril : Amman – Um Qeis – Jerash – Amman
Arrivée d’Antoine Sfeir : quelle allure ! Antoine Sfeir, que nous avons déjà rencontré à Oléron lors de sa conférence UTL « Sunnisme contre Chiisme » (un grand moment qui a fait naître en nous le désir puissant de ce voyage).
Lors de cette première matinée, nous visitons le site d’Um Qeis, une antique cité romaine dominant le lac de Tibériade.
L’après-midi a lieu la visite de Jérash, un site archéologique majeur du Proche-Orient qui présente un ensemble urbanistique et architectural d’époque romaine tout à fait exceptionnel : l’arc dédié à l’empereur Hadrien, la cathédrale byzantine, l’église Saint-Théodore, l’hippodrome, le cardo maximus, le théâtre, les thermes, le temple d’Artémis et le temple de Zeus. Excusez du peu !
Après le dîner, à l’hôtel, a lieu la conférence d’Antoine Sfeir, en compagnie de son amie journaliste, Randa Habib, directrice de l’agence France Presse à Amman.
Petits aperçus de leurs propos :
La Jordanie, dont la capitale est Amman, est un pays très agréable à découvrir.
Rappels : La paix signée avec Israël : Rabin et Arafat de mai 1993 au traité de paix du 26 octobre 1994.
Arafat, Rabin et Pérès reçoivent le prix Nobel de la Paix, mais Rabin sera assassiné par un extrémiste juif en novembre 1995.
Plus tard, Pérès perdra les élections législatives en Israël contre le « faucon » Netanyahou (qui a passé sa jeunesse aux USA) qui est un leader de la droite, voire de l’extrême droite.
Un peu de politique :
En 1996, Arafat est nommé « Président de l’Autorité palestinienne », mais il a du mal à contrôler les mouvements palestiniens qui refusent la paix. En face, Pérès choisit une politique sécuritaire avec des bombardements israéliens sur le camp de réfugiés de Cana qui coûtent la vie à 200 civils palestiniens. Arafat persiste cependant sur le chemin de la paix et élimine de la charte de l’OLP les articles refusant l’existence de l’État d’Israël. Progrès donc ? Mais Shimon Pérès n’a pas en Israël la popularité de Rabin : il perd les élections contre son rival de droite Netanyhaou. La colonisation reprend, nouveau projet de quartier juif à Jérusalem Est (la Jérusalem des Palestiniens) et multiplication des attentats, agitation de part et d’autre. On n’avance pas sur la voie de la paix et va naître alors la seconde Intifada. Beaucoup d’adolescents et de femmes deviennent porteurs de charges meurtrières contre les Israéliens. Et les attentats continuent tandis que l’armée israélienne réoccupe Ramallah et Naplouse après avoir assigné Arafat à résidence dans son bureau de Ramallah.
L’attaque terroriste aux USA sur le World Trade Center aura des répercussions directes sur le conflit israélo-palestinien.
Sharon en 2001 en assignant à résidence Arafat montra que le gouvernement israélien ne reconnaissait plus l’Autorité palestinienne. Dès lors les Palestiniens multiplient les attaques et attentats sur les soldats israéliens.
En avril, l’armée israélienne encercle l’église de la Nativité à Bethléem où se sont réfugiés des combattants palestiniens. Le siège durera 37 jours.
Pourtant en septembre l’armée israélienne lève le siège de la Muqata (siège de l’Autorité palestinienne) sous la pression des USA.
Mais en novembre l’armée investit de nouveau Bethléem en représailles d’un attentat perpétré la veille à Jérusalem (opération baptisée « Réaction en chaîne »).
En janvier 2003 le Likoud, parti d’Ariel Sharon, obtient une large majorité qui l’encourage à persister dans sa ligne politique dure. Il stoppe toute négociation avec Arafat qu’il considère comme responsable de la situation et lance une campagne très dure de répression contre les activistes palestiniens : l’armée fait des incursions sanglantes dans les Territoires. Il entame également la construction d’une barrière de séparation à l’intérieur de la Cisjordanie et autour de Jérusalem. C’est une succession de murs, de tranchées et de portiques électroniques. Le but : empêcher physiquement toute intrusion de terroristes palestiniens sur le territoire national. Son tracé : près de 700 km autour de la Cisjordanie a été redessiné à plusieurs reprises sous les pressions internationales. Sharon a adapté le concept de clôtures, changeant ici et là leur tracé pour y inclure les principales colonies israéliennes.
Pendant que cette barrière s’élevait, il est devenu évident qu’elle emprisonnerait de nombreux Palestiniens qui se retrouveraient coupés de leurs champs et de leurs lieux de travail, certains du côté israélien de la ligne de l’armistice de 1948 , la ligne Verte, et d’autres du côté palestinien. Cette barrière satisfait cependant une grande majorité d’Israéliens : fin 2003, on estime que l’activité terroriste a chuté de 90 %.
Le 29 octobre 2004, gravement malade, Yasser Arafat quitte son quartier général de Ramallah pour rejoindre la Jordanie, puis la France où il a été hospitalisé à l’hôpital militaire Percy à Clamart. Il y est mort le 11 novembre 2004. Les autorités médicales françaises ont découvert depuis qu’il avait été empoisonné. Il est inhumé dans son quartier général de Ramallah. Le gouvernement israélien a refusé qu’il soit enterré à Jérusalem.
Petit arrêt sur ce personnage important dont nous sommes allés voir le mausolée :
Yasser Arafat, 1923-2004, s’appelle en réalité Abd al-Raouf al-Koudwa, mais les Palestiniens préféraient l’appeler de son nom de guerre d’ « Abou Ammar », ou tout simplement Al Khitiar, c’est-à-dire le « Vieux ». Mais il avait d’autres surnoms particulièrement élogieux comme « Le Père fondateur » ou « Le Père de la résurrection ». Selon ses dires, il serait un enfant du pays né à Jérusalem, exilé en Égypte. En fait il est sans doute né dans une famille palestinienne du Caire.
Dès 1952, il participe à la création de l’association des étudiants palestiniens d’Égypte d’où sortira en 1959 le Fatah, mouvement de l’armée palestinienne. Puis il sort de la clandestinité en se présentant comme le porte-parole du mouvement palestinien.
L’année suivante, il prend la présidence de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) fondée en 1964.
Dès le début, le leader palestinien doit combattre non seulement les Israéliens, mais aussi la contestation interne des extrémistes palestiniens qui, dès 1971, tentent de l’assassiner.
Cette situation difficile se poursuit au Liban où la résistance palestinienne s’organise : en 1982, au terme de l’invasion israélienne de ce pays, Arafat doit quitter Beyrouth assiégée. Il gagne la Tunisie, établit près de Tunis son quartier général que l’aviation israélienne bombarde en 1985. A l’heure de l’Intifada, le chef des Palestiniens de l’extérieur bénéficie d’une aura internationale. Mais c’est en vain que, en 1988, au Parlement européen de Strasbourg, il appelle à la « Paix des braves ». Nouveau pas en avant en 1989 lorsqu’il affirme reconnaître l’État d’Israël et renoncer au terrorisme.
En 1990, erreur de parcours : en espérant lier le problème palestinien à la Guerre du Golfe, Arafat soutient Sadam Hussein et se trouve durant plusieurs mois isolé sur la scène internationale. Les portes se rouvrent avec l’arrivée au pouvoir de Shimon Pérès et Ytzak Rabin : en 1993 Arafat serre la main du Premier Ministre israélien à Washington et les trois hommes reçoivent le Prix Nobel de la Paix. L’année suivante, le Président de l’OLP revient à Gaza et, en 1996, il est élu président de l’Autorité palestinienne au suffrage universel par 88 % des voix.
Samedi 5 avril : Amman – Kerak – Petra
Le matin, nous partons à la découverte de la citadelle, du théâtre romain et du musée archéologique d’Amman.
Départ pour Kérak par la Route des rois qui offre des paysages extraordinaires :
Nous visitons en route la forteresse croisée de Kerak, la capitale des Moabites.
Nous poursuivons vers Petra.
Dimanche 6 avril et lundi 7 avril : Pétra
Parlons un peu de Pétra, l’admirable !
Cette cité rose n’est que roche, cavernes, tombeaux, marches et sculptures.
Cité nabatéenne du VIème siècle avant J.C. et jusqu’au IVème, elle apparaît somptueuse. Les nomades caravaniers faisaient le commerce de l’encens, de la myrrhe, du bitume (qui servait à momifier les cadavres en Égypte), de toutes sortes d’épices, de l’or, de l’argent, du verre et des soieries. Ce commerce très lucratif se pratiquait sur 2000 km à travers toute l’Arabie.
Pétra devint la capitale du royaume nabatéen, mais le terrible tremblement de terre de 551 la dépeupla presque entièrement. La conquête arabe de la région eut lieu en 663 et la « longue agonie de ce qui restait de ces magnifiques monuments » commença.
Puis les Croisés au XIIème siècle la fortifièrent en l’appelant « La vallée de Moïse » en hommage au guide du peuple d’Israël lors de sa traversée du Sinaï.
Reconquise par Saladin, Pétra fut alors longtemps oubliée et abandonnée.
Un jeune orientaliste et chercheur suisse, Buckhardt réussit en 1812 à se faire passer pour musulman et découvre « La Bariolée ». C’est le premier européen à la découvrir. Les fouilles ont démarré après la guerre de 1914 : 800 monuments dont 600 tombeaux ont été mis à jour. Ces splendeurs étaient alors habitées par quelques tribus bédouines.
Ce qui frappe le visiteur, c’est l’apparition stupéfiante d’une ville « de tous les roses », sculptée dans la roche à des hauteurs incroyables et d’une beauté impressionnante.
Le peintre écossais, David Roberts, en découvrit lui aussi la splendeur pour la représenter en 1839 dans 6 volumes somptueux de lithographies.
Comme il se doit, nous avons eu la joie de la voir apparaître au lever du soleil et tout au long de la journée, les couleurs n’ont cessé de vibrer et de nous réjouir.
Nous avons admiré les tombes rupestres, escaladé les marches avec grand appétit.
Ce fut un enchantement. Nous ne l’oublierons pas.
Lundi 7 avril : Beïda
Visite du site néolithique de Beïda : ce village illustre parfaitement la sédentarisation et la naissance des premiers villages vers 8 000 ans av. J.C. Cette région a vu naître la civilisation néolithique qui va ensuite se développer et traverser l’Europe jusqu’à notre région Poitou-Charentes qu’elle atteint 3 000 ans plus tard.
Mardi 8 avril : Pétra – Wadi Rum – Aqaba
Nous effectuons une balade en 4×4 dans le désert somptueux du Wadi Rum.
Que la lumière était belle ! Secoués dans les 4×4, nous nous sommes arrêtés pour découvrir des roches gravées. Un peu plus tard, une vaste tente bédouine nous attendait avec un café (kawa) ou du thé (bedi chaï). Puis un très joli déjeuner. Certains ont rêvé d’y passer la nuit !
J’avais ma montre et j’ai pu renseigner notre chauffeur très inquiet de rater l’heure de la prière. Il a remplacé le muezzin et m’a demandé de répéter après lui et avec le juste accent des Allah ! retentissants !
Mercredi 9 avril : Aqaba – Mer Morte – Jérusalem
En route vers la Mer morte ! Bien morte en effet ! Et à mes yeux du moins d’un intérêt très limité (vive Oléron!). Certains s’y sont baignés.
Jeudi 10 avril : Jérusalem – Mont des oliviers
Le deuxième centre d’intérêt de notre voyage était bien entendu la découverte de Jérusalem et surtout des Lieux Saints.
Nous y sommes arrivés tôt le matin. Hauts perchés, face aux deux mosquées, il faisait froid…
La veille, l’arrivée en fin de journée par l’autoroute ne m’a pas convaincue : en regardant autour de moi, je voyais trop de rappels de la bataille politique qui continue à se jouer avec l’implantation des colonies israéliennes sur les terres palestiniennes, et le lendemain lors de la visite de la ville, sur les Lieux Saints, trop de marchands du Temple vendant tout et n’importe quoi, jusqu’à de fausses couronnes d’épines, empilées comme des pizzas ! Si, c’est vrai !
Pourtant l’émotion fut là, lors de la visite du Saint-Sépulcre et de la prière d’un petit groupe d’entre nous, dirigée par Antoine, près du tombeau du Christ.
Vendredi 11 avril : Jérusalem – Ramallah – Amman
Notre groupe s’est rendu aussi sur le site du mausolée de Yasser Arafat situé à Ramallah. C’est un mausolée somptueux, hypermoderne, avec de la grandeur et de la simplicité. Il y a un très beau cercueil en marbre à l’intérieur du bâtiment portant des inscriptions gravées en arabe : « Mort dans la paix du Dieu Allah ».
Ce mausolée est temporaire. En effet, les Palestiniens souhaitent le ré-enterrer un jour à Jérusalem, à côté (le plus près possible!) du Dôme du Rocher.
Des policiers en tenue montent la garde, mais pas de militaires, tant qu’il n’y a pas encore d’Etat palestinien.
Et là, brusquement, nous assistons à l’arrivée, d’un petit cortège de ministres, portant une couronne, il y avait notamment :
– Le ministre de la culture jordanien, français et palestinien à la fois. Lui aussi, nous dit-il, est amené à traverser le petit pont qui mène à Israël après la frontière jordanienne et a parlé des humiliations constantes auxquelles sont soumis les Palestiniens qui veulent passer en Israël et qui mettent souvent des heures pour la traverser.
– Le ministre de la culture du Maroc semble très touché de notre arrêt en ces lieux et, a-t-il dit, de notre « geste de compréhension » pour réclamer une paix équitable.
Nous avons alors appris que «la libération du 4ème contingent de palestiniens qui avait été promise par Israël n’a toujours pas été effectuée et que le nombre de logements construits par Israël dans les colonies a augmenté de 40 % ».
Nous quittons le mausolée et l’aspect politique de la région pour nous réjouir l’âme et les yeux dans la contemplation de merveilles architecturales.
Samedi 12 avril : Mont Nebo – Madaba – Vol retour
Madaba est une ville active chrétienne avec 14 églises des Vème et VIème siècles.
Nous y avons notamment découvert une étonnante mosaïque byzantine qui représente la carte de la Palestine au VIème siècle : toutes les routes y sont clairement dessinées et 420 villes sont mentionnées pour servir de guide aux pèlerins. C’est un véritable tour de force de l’artiste.
Que dire en conclusion ? Antoine et Christine nous ont abreuvés d’informations tout le long du voyage, j’en ai un gros carnet tout plein, mais ne voudrais pas vous fatiguer par trop d’excès !
Nous ne remercierons jamais assez nos deux amis pour leur culture, leur fougue et leur gentillesse.
Nous n’oublions pas non plus Haitham, ni Thibaut.
Vrai, ce fut un beau voyage !
Merci à tous,
Chantal Truchetto
Photos : Jacques du Cheyron