Agenda
Le 9 mai 2023, nous lirons La Petite-Fille de Bernhard Schlink, (Gallimard, 2023), un grand nom de la littérature allemande contemporaine.
On a rencontré
• Nedim Gürsel invité dans le cadre du centenaire de la mort de Pierre Loti. Son récit Voyage en Iran (Actes Sud, 2022) donne en effet un nouveau relief aux écrits de Loti, écrivain voyageur.
• Gwenola Joly-Coz, à La Librairie des Pertuis, pour son livre Femmes de Justice (Enrick B. Eds, 2023). Première première présidente de la cour d’appel de Poitiers, G. Joly-Coz présente le parcours exceptionnel de seize femmes dont la carrière questionne et construit la parité dans la haute magistrature.
On a lu, on lira
Maman la Nuit (Notabilia, 2023) de Sarah Bourre ;
Les Exportés (Flammarion, 2022) de Sonia Devillers ;
Un Cœur si Blanc (Folio) de Javier Marias, un auteur espagnol que nous évoquons régulièrement (Berta Isla ; Si rude soit le début) ;
Et aussi quelques-uns de nos écrivains favoris, l’irlandais Colum Mc Cann et l’italien Erri De Luca…
Pierre Loti
La célébration du centenaire de la mort de Pierre Loti donne lieu à moult manifestations sur l’île d’Oléron. Si Loti a été élu à l’Académie Française (à 41 ans !), on n’a parfois que quelques souvenirs de lectures de jeunesse (Pêcheurs d’Islande, Ramuntcho, Le Roman d’un Spahi). On l’a aussi découvert via le Festival de Musique au Pays de Pierre Loti notamment grâce aux lectures de Marie Christine Barrault ou Dominique Blanc donnant du corps à quelque texte suranné. Et on s’étonne volontiers que Loti ait pu concilier son métier d’officier de marine et son impressionnante activité d’écriture.
Son premier roman, Aziyadé, que nous avons lu, ou relu, avant d’assister à la représentation Le Fantôme d’Aziyadé avec Xavier Gallais (le 14 avril prochain) entremêle le journal intime du héros, ses notes et ses correspondances en 1876-77. Le roman, l’histoire d’un jeune officier qui s’éprend d’une belle circassienne appartenant au harem d’un riche vieillard de Constantinople, est emblématique de l’orientalisme qui colore l’art de la fin du XIXème siècle. Il annonce aussi bon nombre des traits qui signent l’ensemble de l’œuvre : justesse des évocations pittoresques et/ou exotiques, goût pour le travestissement et le dédoublement, instabilité des passions amoureuses, autoportrait et introspection, alternance de réalité historique et de fiction romanesque, goût de la rencontre avec l’autre/l’étranger, angoisse devant la mort, etc. L’officier de marine Julien Viaud parcourt le monde, « en service » durant plus de 42 ans, l’écrivain Pierre Loti sait voir et narrer ce qu’il a vu ; il ne cessera ni de voyager ni d’écrire, animé d’une insatiable curiosité et doté d’une exceptionnelle capacité à la faire partager.
Nous apprécions diversement cet auteur qui en choisissant d’être inhumé à La Maison des Aïeules est devenu une célébrité oléronaise. Oléron est pour lui comme un retour aux souvenirs d’enfance ; ainsi décrit-il St Pierre comme « un tout petit hameau tout blanc, tout blanc, d’une blancheur orientale avec des portes et des fenêtres vertes /…/ le caractère du pays d’Oléron est presque tout entier dans cette chaux immaculée dont les plus humbles logis s’enveloppent et dans ces fleurs écloses à profusion le long des petits murs ».
Il est indéniable que les intrigues de ces romans ont mal vieilli. En outre, certaines de ses affirmations, comme ses prises de position politiques, même éclairées par le contexte de l’époque, peuvent sembler fort discutables. Nous avons une préférence pour ses écrits de voyage, son art d’y faire vivre des paysages comme des personnages, des sensations comme des émotions. Nous citons volontiers Vers Ispahan, Le Désert ou Un Pèlerin d’Angkor.
Enfin N., descendante de Loti, nous confie à quel point il est compliqué d’assumer la postérité de «l’oncle Julien», dont l’itinéraire personnel a parfois été occulté au sein du cercle familial…
Vous reprendrez bien encore un peu de Loti ? Alors RV au prochain Salon du Livre d’Oléron, les 22 et 23 avril à La Citadelle du Château.