7 janvier 2019 — La naissance de l’économie balnéaire en Saintonge au XIXe siècle
Par Thierry Sauzeau
C’est à l’issue des guerres de l’Empire que Royan accueille les premiers « baigneurs », à l’initiative des milieux d’affaires bordelais. La mode vient d’Angleterre. Elle témoigne d’une nouvelle esthétique, dépeinte par Alain Corbin dans son ouvrage « L’occident et le désir de rivage ». Il s’agit à la fois de jouir du spectacle de la mer, de redécouvrir l’authenticité d’une vie saine et de profiter des bienfaits de l’air salin, des bains et de l’odeur des pins. La trajectoire de Royan préfigure à bien des égards celle des stations voisines, depuis la « Côte de Beauté » jusqu’à Fouras, en passant, bien sûr, par l’île d’Oléron. En quelques décennies, au XIXe siècle, les villages qui recevaient des excursionnistes venus de Bordeaux en majorité deviennent peu à peu des cités qui font peau neuve, accueillent le chemin de fer et sont sensibles aux modes. A mesure que l’économie balnéaire s’installe, ce sont aussi les mentalités qui changent et le poids politique de bourgades jadis marginales qui s’impose au niveau local et même national.
Thierry Sauzeau est professeur d’histoire moderne à la faculté des sciences humaines et arts de l’université de Poitiers. Membre du centre de recherches interdisciplinaires en histoire, arts et musicologie (Criham EA 4270), son laboratoire, il est par ailleurs président du conseil scientifique du groupement d’intérêt scientifique Histoire & Sciences de la mer (CNRS / InSHS), qui regroupe plus de 40 établissements français et leurs chercheurs intéressés par la mer. Enfin, il est président co-fondateur de l’université populaire du littoral de la Charente-Maritime.
10 janvier 2019 — Les violences contre les femmes : on en parle, mais qu’en est-il ?
Conférence initialement programmée le 19 novembre 2018 et reportée au 10 janvier
Par Maryse Jaspard
Le récent mouvement mondial de libération de la parole des femmes pour dénoncer les violences qu’elles subissent a surpris le plus grand nombre. Ce phénomène semble faire consensus et apparait dorénavant comme irréversible. Cette forme de reconnaissance des violences contre les femmes est un élément majeur de la lutte pour l’égalité femmes/hommes.
Mais il s’agit moins d’une révolution des mentalités que d’une évolution lente qui, arrivée à maturation, a eu pour catalyseur l’affaire Weinstein. En France, la prise en compte des violences contre les femmes en tant que problème de société s’est consolidée au cours des 20 dernières années. Mais que recouvre le concept de violences contre les femmes ? Comment identifier les formes de violence ? Quelle est leur ampleur ? Qui sont les victimes ? Qui sont les agresseurs ? Quelles réponses ont déjà été apportées par les pouvoirs publics ?
L’analyse sociologique du phénomène permet de déconstruire les idées reçues et lever les tabous. L’enquête nationale sur les violences envers les femmes en France (Enveff 2000) a répondu à cette nécessité ; elle est encore la source principale de l’étude sociologique de ces violences.
14 janvier 2019 — De Brouage à Oléron, l’utilité des marais
Par Jean-Marie Gilardeau
Les marais peuplent la façade atlantique du département de la Charente-Maritime. Des rives de la Gironde à la baie de l’Aiguillon, en passant par la Seudre, Brouage, Rochefort, sans oublier les îles, ils offrent des paysages différents mais tous ont en commun d’être composés d’un savant mélange de terre et d’eau.
Longtemps bannis, en ce qu’ils étaient considérés comme des lieux pestilentiels, vecteurs de maladies, les milieux humides sont aujourd’hui parés de multiples vertus qui ont conduit à organiser leur sauvegarde.
Les marais permettent de lutter contre les inondations et les submersions marines ainsi que contre le réchauffement climatique. Ils servent de support à des activités économiques (élevage, ostréiculture) garantes d’une occupation rationnelle du territoire. Ils accueillent du public en quête de loisirs (chasse, pêche, randonnée …) et de tourisme. Ils fournissent des habitats propices à la préservation d’une biodiversité riche et remarquable. Ils sont le théâtre d’un patrimoine et d’une culture spécifiques. Bref, ils assurent des fonctions qu’il appartient à tous ceux qui les fréquentent de protéger contre les risques diamétralement opposés que constituent l’artificialisation et l’abandon.
Jean-Marie Gilardeau, spécialiste du droit rural, était maître de conférences à l’école de notariat de l’université de Poitiers et vice-président de l’association syndicale des marais de Saint-Agnant – Saint-Jean-d’Angle.
21 janvier 2019 — Le pouvoir des médias
Par Rémy Rieffel
Les médias traditionnels (presse, radio, télévision) et les technologies numériques (ordinateurs, smartphones, tablettes, etc.) ont pris depuis quelque temps une importance croissante dans notre vie quotidienne. La manière dont nous nous informons et dont nous échangeons avec autrui a, en outre, été profondément bouleversée par l’essor d’Internet et des réseaux sociaux.
Les médias semblent ainsi exercer une influence de plus en plus décisive dans le domaine politique, économique et culturel. Est-il vrai, comme on l’entend souvent dire, qu’ils nous manipulent, qu’ils encouragent la simplification en jouant sur le sensationnel, qu’ils favorisent l’émergence de fausses rumeurs ? Répondre à ces questions et à bien d’autres encore suppose de s’interroger sur leur véritable nature, d’examiner en détail leur mode de fonctionnement ainsi que les pratiques professionnelles des journalistes ; d’évaluer le poids exact de la culture de l’écran face à la culture de l’imprimé et enfin de comprendre la manière dont le public se sert aujourd’hui des nouveaux supports de communication.
Rémy Rieffel, sociologue des médias, est professeur à l’université Paris II Panthéon-Assas et à l’institut français de presse (IFP) et directeur du Carism.
28 janvier 2019 — John Coltrane, saxophoniste de jazz fascinant, une œuvre à découvrir
Par Jacques Ravenel
Jacques Ravenel, conférencier passionné de jazz, saxophoniste chevronné se produit dans de nombreux festivals et clubs. Pédagogue, il enseigne au sein des départements jazz et musiques actuelles à Rennes. Il évoquera le singulier compositeur et saxophoniste de Free et Hard Jazz John Coltrane, parfois surnommé « Trane », aux improvisations débordantes.
Ce musicien né en 1926 en Caroline du nord, meurt en 1967 en laissant des albums devenus mythiques, comme « My Favorite Things » ou « A Love Supreme ». Il est considéré comme le saxophoniste le plus influent et le plus révolutionnaire.
Il expliquait : « je pars d’un point et je vais le plus loin possible ».
L’écouter ne laisse pas indifférent. Le son qu’il arrive à tirer de son saxophone envoûte souvent ses auditeurs et les laisse dans un état d’émerveillement et de surprise rarement atteint.
4 février 2019 — Egon Schiele (1890-1918), une confrontation passionnée à l’humain
Par Jean-Paul Salles
Par ses couleurs hardies et son trait fiévreux, qui a quelque parenté avec celui de Toulouse Lautrec, il brise les règles de l’art académique. Ainsi ce jeune virtuose, contemporain de Freud, encouragé par Klimt, exprime les aspects obscurs de la personnalité humaine.
Ceci nous vaudra nombre de corps tourmentés, voire impudiques : il dénude pour mieux explorer les secrets de l’âme. Il campe parfois dans l’isolement, faisant sienne la devise des artistes de la Sécession viennoise : « Tu ne peux pas plaire à tous par tes actes et tes œuvres d’art, fais pour le mieux, il n’est pas bon de plaire à beaucoup ».
A la fin de sa brève existence, il se présente en prophète ou martyr, en gilet de paon, auréole autour de la tête.
Jean-Paul SALLES est professeur d’histoire honoraire à l’université de La Rochelle .
11 février 2019 — L’histoire de la peinture chinoise
(Première partie : de la dynastie des Han à 1850)
Par Jean-Rémy Bure
Le même pinceau chinois est utilisé par le calligraphe et par le peintre. Tout commence par la calligraphie. Ce n’est qu’après avoir maîtrisé l’encre et le pinceau dans l’écriture qu’on se met à peindre. Les jeunes peintres débuteront par les arbres et les rochers, le bambou et l’orchidée, dont les dessins rappellent le trait de pinceau. Puis, ils passeront aux fleurs, insectes, oiseaux et enfin au paysage, sujet majeur de la peinture chinoise.
Cette conférence introduit à la diversité des styles de peintures en Chine et à l’originalité des artistes chinois par rapport aux peintres occidentaux. Influencés par le confucianisme, le taoïsme et le bouddhisme, les peintres chinois ont aussi toujours jugé de la qualité d’une œuvre d’après sa valeur humaine.
Nous admirerons les paysages de montagnes, d’eau et de vide, un des grands trésors de la peinture chinoise. On entrera dans ces paysages pour s’y promener.
Enfin, cette conférence établira des ponts entre peinture chinoise et peinture occidentale, comparant des artistes et des œuvres aux sentiments communs, universels.
Jean-Rémy Bure, sinologue diplômé de l’école des langues orientales est professeur honoraire des écoles supérieures de commerce de Paris et de l’université du peuple de Pékin.
11 mars 2019 — Art, science et religion en pays d’Islam
Par Ahmed Djebbar
Dans le cadre de la civilisation de l’Islam, les premières réalisations artistiques apparaissent alors que « la question des images » fait débat chez les Byzantins. Dès le Xe siècle, de nouvelles orientations arrivent, en réponse à la pression d’une partie de la société.
Dans l’émergence d’un « art nouveau », aujourd’hui associé à la civilisation arabo-musulmane, mais qui a toujours cohabité avec « l’art ancien », celui de la représentation figurée à deux ou trois dimensions, certaines activités scientifiques ont joué un rôle important.
Ahmed Djebbar est chercheur en histoire des mathématiques, spécialisé dans l’histoire des activités mathématiques de l’occident musulman et professeur émérite de l’université des sciences et des techniques de Lille.
18 mars 2019 — LE MONT ATHOS, merveille du christianisme byzantin
Par André Paléologue
Montagne mythique qui abrite depuis plus d’un millénaire un foyer de spiritualité chrétienne unique au monde, le Mont Athos continue de fasciner aussi bien les assoiffés de divin que les passionnés d’histoire et d’art religieux. En ce haut lieu de réflexion spirituelle, les moines organisés en véritable « république » explorent toutes les voies de la contemplation mystique, suivant à la lettre la tradition des Pères de l’Église.
À l’aide d’une série de témoignages visuels inédits, on essayera de lever le voile qui couvre aujourd’hui encore ce lieu énigmatique et de dresser le portrait de ces expatriés en quête du ciel qui proposent à l’homme contemporain une voie d’accomplissement et de solidarité.
André Paléologue est docteur en histoire, expert consultant auprès de l’Unesco, ancien inspecteur des monuments historiques.
25 mars 2019 — Les trois branches de l’Islam
Par Christine Darmagnac
Né dans la première moitié du VIIe siècle en péninsule arabique, l’islam a connu dès ses débuts des désaccords politiques qui l’ont conduit à des divisions. Durant des décennies, les musulmans se sont affrontés sur le terrain du pouvoir, en de nombreuses opérations militaires. Ces guerres fratricides ont conduit à l’éclatement de la communauté religieuse en trois groupes politiquement et dogmatiquement opposés.
Au milieu du VIIe siècle, une nouvelle bataille va séparer davantage la communauté et conduire à la rupture. C’est dans ce contexte que se distinguent les trois branches de l’islam : le sunnisme, le chiisme et le kharidjisme. Issue d’un dogme commun, chacune de ces branches revendique, néanmoins et depuis, une identité doctrinale qui lui est propre.
Durant les siècles qui suivirent, ces branches ont connu des divisions intrinsèques. Ainsi, se sont constitués les écoles juridiques du sunnisme, l’ismaélisme au sein du chiisme… l’ibadisme né du kharidjisme…
Christine Darmagnac, diplômée de l’école du Louvre et de l’institut d’art et d’archéologie de la Sorbonne, est spécialiste de l’espace méditerranéen et du monde arabo-musulman.