9 avril 2018 — Le portrait féminin dans l’art de Picasso
Par Laurence CHANCHORLE, Professeur d’histoire de l’art, diplômée de l’École du Louvre
L’art du portrait a toujours intéressé Picasso : il en a défini les contours à travers tous les styles qu’il a abordés, et ce aussi bien en peinture qu’en sculpture. Pour ce faire, les femmes de sa vie furent ses sources d’inspiration continues. Chacune de ses compagnes marqua une période.
Avec Fernande Olivier il passe de la mélancolique période bleue à la douce période rose. C’est pendant sa relation avec Eva Gouel que Picasso explore le Cubisme. Olga, une danseuse russe, sera la première épouse de Picasso. Avec elle, il se tourne vers un classicisme épuré, proche des œuvres d’Ingres. Encore marié avec Olga, Picasso fréquente alors ouvertement Marie-Thérèse Walter et Dora Maar, en parallèle. Pendant cette longue période plus surréaliste, les couleurs et les défragmentations sont de retour.
Puis les deux dernières muses lui amèneront l’apaisement et un aboutissement dans son travail et ses recherches.
Avec Françoise Gilot, il s’installe à Vallauris, où il commence à travailler la céramique, puis l’ultime femme de sa vie, Jacqueline Roque qui deviendra sa seconde épouse l’accompagnera jusqu’à la mort de l’artiste en avril 1973.
14 mai 2018 — Jean Cocteau
Par Wendy Prin-Conti
Nul auteur du XXe siècle n’est plus célèbre que Jean Cocteau. Nul n’est plus méconnu aussi. Resté dans les mémoires pour sa mondanité, ses bons mots et son étonnante polygraphie (il se décrivait lui-même avec humour en « Paganini du violon d’Ingres »), Cocteau n’a jamais eu les faveurs de la critique universitaire. Son œuvre, dont on ne saurait citer aujourd’hui que quelques films (Orphée, La Belle et la bête), voire quelques pièces de théâtre (La Machine infernale, L’Aigle à deux têtes), est pourtant l’une des plus riches de notre littérature récente. C’est cet extraordinaire foisonnement que nous nous proposons de redécouvrir au cours de cette conférence, qui nous conduira, entre autres, du salon de Mme Alphonse-Daudet sous la Belle Époque finissante aux carrières des Baux-de-Provence dans la France du général De Gaulle.
Wendy Prin-Conti, agrégée de lettres, doctorante en lettres modernes à l’université Paris III – Sorbonne Nouvelle
28 mai 2018 — Les TROGNES ou arbres têtards
Par Dominique Mansion
Il y plus de 3000 ans les trognes existaient déjà. Taillis perchés à production renouvelée et durable compatible avec élevage et cultures, elles fournissaient ou fournissent encore selon les essences et les régions, bois énergie, bois d’œuvre, fourrage, fruits… servent de borne et de clôture… se présentent sous d’innombrables formes et situations et accueillent avec l’âge une biodiversité exceptionnelle.
Face à ce patrimoine économique, biologique, culturel et paysager aujourd’hui menacé, on se mobilise un peu partout en France et en Europe pour réhabiliter et recréer des trognes avec de nouvelles pratiques et des usages élargis.
Centrales à production renouvelable, sièges de biodiversité, marqueurs de nos paysages…, les trognes, trop longtemps oubliées ou méprisées, ont tous les atouts pour retrouver une place de choix dans nos paysages ruraux et urbains.
4 juin 2018 — Charlotte Delbo
Par Dominique Moncond’huy, professeur de littérature française à l’université de Poitiers.
Née en 1913, d’une famille d’immigrés italiens, Charlotte Delbo après avoir côtoyé Henri Lefebvre, Georges Politzer et Paul Nizan s’inscrit en 1932 aux Jeunesses Communistes ; elle y rencontre Georges Dudach qu’elle épouse en 1936; elle devient la secrétaire de Louis Jouvet en 1937.
Elle entre dans la résistance avec son mari en 1941 (réseau Politzer). Ils sont arrêtés tous les deux le 2 mars 1942 dans le vaste coup de filet qui frappe le réseau. Lui est fusillé au Mont Valérien, le 23 mai ; il a 28 ans. Elle est déportée à Auschwitz avec les 230 femmes du convoi du 24 janvier 1943. Elle survit avec 48 de ses compagnes.
Dès son retour elle entreprend de témoigner par l’écriture, ce qu’elle poursuivra toute sa vie à côté de ses activités militantes et professionnelles (aux côtés de Louis Jouvet de nouveau, puis à l’ONU et enfin comme assistante d’Henri Lefebvre au CNRS).
11 juin 2018 — Peut-on croire les sondages ?
Par Frédéric ROSARD, docteur en Mathématiques, consultant/formateur en mathématiques appliquées, professeur à l’Université de Rennes 1, Rennes School of Business, Sciences Po Lille.
Les sondages, c’est comme les horoscopes « personne n’y croit mais tout le monde les consulte ».
Depuis qu’en 1936, aux États-Unis, un certain George Gallup a compris qu’on pouvait avoir une réponse fiable en interrogeant un échantillon bien choisi, les instituts de sondages ont énormément prospéré.
Ils font quotidiennement la une de l’actualité, sont omniprésents lors des élections, et intéressent beaucoup le marketing. Qualifiés tour à tour d’inutiles, d’indispensables, d’agaçants, d’intrigants et de fascinants, les sondages méritent d’être lus avec intérêt, circonspection et attention…
Mais peut-on y croire ?